| 26 ans après l'épopée des D24 et D25 en championnat du monde d'endurance, Lancia revient à la compétition sur piste par le biais d'une formule silhouette groupe 5 que Cesare Fiorio estime tout-à-fait opportune pour la Beta Monte Carlo.
Après l'acceptation du projet par le comité course du groupe Fiat, Fiorio met en place un tout nouveau service compétition. Abarth qui a la responsabilité du programme rallye étant saturé. Pourtant rapidement les choses se mettent en place. Le Centre de Recherche Fiat est imbriqué dans le projet dans lequel on trouve également Gianni Tonti qui se voit chargé de la coordination de l'élaboration du moteur.
En août 1978 les travaux commencent et la presque totalité des dessins de la future silhouette italienne apparaissent en septembre.
A partir de là la Beta Monte Carlo groupe 5 va prendre forme petit à petit. La coque acier de série est conservée mais elle est allégée et rigidifiée à l'aide, entre autre, d'une structure tubulaire qui fait également office d'arceau de sécurité.
L'habillage est constitué d'une carrosserie mêlant acier et polyester dont le capot avant d'un seul tenant intègre un imposant spoiler. Le capot arrière est quant à lui surmonté d'un aileron à incidence variable.
Les ailes avant et arrière ont bien entendu prises de l'embonpoint, notamment pour l'alimentation en air frais des freins et du moteur.
A propos de mécanique , pas encore défini au départ du projet le choix du moteur s'est finalement porté sur un bloc à la cylindrée de 2,0 litres, compte tenu du fait que le programme Lancia s'oriente sur la catégorie moins de 2,0 litres du championnat du monde des marques.
Sur la base du 4 cylindres double arbre ( installé en position transversale centrale ) et en tenant compte d'un coefficient multiplicateur de 1,4 pour les moteurs suralimentés, Gianni Tonti se met donc à plancher sur un propulseur à la cylindrée maxi de 1425 cc et dont le rapport alésage x course est fixé à 82 x 67,5 mm.
Le moteur de la groupe 5 ( type 14.78 T pour 1,4 litres, 1978 Turbo ) est ainsi basé sur le bloc de la Beta 1800 sur lequel sont montés une culasse de Fiat 131 Abarth à quatre soupapes par cylindre, des bielles provenant d'un précédent projet de Coupé Beta HF et des pistons Borgo ou Mondial.
Puis à la greffe d'un turbo KKK équipé d'un échangeur Behr et d'une soupape de décharge s'ajoute l'adaptation d'une injection mécanique Bosch Kugelfischer. Après passage au banc d'essais les premiers chiffres tombent et dès le début de son développement le moteur affiche déjà 350 chevaux.
Dans la répartition des rôles Ferrari s'occupe de la fonderie tandis que Teksid se voit confiée l'usinage des pièces forgées. L'élaboration de la boîte de vitesses est dévolue à Colotti alors que l'étude aérodynamique est assurée par Pininfarina. Le châssis et les suspensions sont quant à eux développés par Dallara.
Après une première présentation officielle à la presse en décembre 78, la Beta Monte Carlo groupe 5 entame une série d'essais dont s'acquitte Claudio Maglioli sur la piste de Varano en février 79.
Mais pour l'occasion la voiture est animée par un moteur 131 Abarth de 220 chevaux, le 1425cc turbo n'est pas encore près. Néanmoins ces premiers tests s'avèrent encourageants.
C'est à Vallelunga, en avril, que la Lancia silhouette dans sa version définitive effectue réellement ses premiers tours de roues avec Riccardo Patrese.
Le moteur développe alors 370 chevaux à 8500 t/mn
Puis le 6 mai à Silverstone c'est à la paire Patrese - Walter Röhrl qu'incombe la lourde tâche de faire débuter en course la voiture. Malheureusement quatre tours seulement sont couverts avant son abandon, la faute à la perte du bouchon du radiateur d'eau.
Qu'importe le potentiel est bien là et la Beta Monte Carlo ne va pas tarder à faire parler la poudre. La Lancia groupe 5 remporte en effet la catégorie 2,0 litres ors des trois épreuves auxquelles elle participe. Patrese et Röhrl empochent la victoire de catégorie aux 1000 km du Nürburgring ainsi qu'aux 6 heures de Brands Hatch. La course de l'Enna-Coppa Fiorio revient au duo Patrese - Facetti.
Lancia s'empare de son premier titre de champion du monde des marques en moins de 2,0 litres. D'autres vont suivre.
La moisson 1980 est tout bonnement exceptionnelle. En plus des Beta Monte Carlo usine s'ajoute la voiture de l'écurie Jolly Club conduite par les inusables Facetti et Finotto. C'est d'ailleurs eux qui ouvrent le bal avec la victoire en 2,0 litres aux 24 heures de Daytona.
Viennent ensuite le succès aux 6 heures de Brands Hatch où Patrese et Röhrl prennent également la première place absolue. Puis au Mugello c'est de nouveau Facetti et Finotto qui remporte leur catégorie.
Par la suite 7 autres victoires viennent étoffer le palmarès des Lancia Beta Monte Carlo Turbo.
Les silhouettes transalpines remportent en effet leur catégorie à Monza, Silverstone, Nürburgring, Watkins Glen, Mosport, Vallelunga mais aussi au Mans où les voitures ont eu maille à partir avec les organisateurs pour une sombre histoire de non conformité du capot avant ( d'un seul tenant sur les silhouettes il est composé d'une pièce centrale et deux extensions d'ailes sur la version routière ).
Résultat des courses Lancia accroche à son palmarès un second titre consécutif en moins de 2,0 litres dans la discipline. A cela vient s'ajouter la couronne d'Hans Heyer en DRM acquise de haute lutte face aux Porsche 935 K3, BMW M1 et autres Ford Capri Zakspeed Turbo.
1981 marque le troisième et dernier sacre en championnat du monde pour les Beta Monte Carlo groupe 5 qui remportent six nouveaux succès dont une victoire absolue à Watkins Glen pour Patrese - Alboreto.
En 1982, les Lancia effectuent quelques sorties au niveau international. Avec l'avènement des groupe C les groupe 4 n'ont plus le droit de citer au championnat.
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